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Par Hamdibey le 8 Mai 2020 à 09:58
Le Mont-Saint-Michel s’admire de mille lieues à la ronde. Voir la « Merveille », c’est envisager une distance à parcourir, une baie à traverser « au péril de la mer ».
"Le plus connu et le plus cité, dès qu’on parle du monument, est sans nul doute Victor Hugo. Le Mont figure dans plusieurs de ses ouvrages, mais également dans sa riche correspondance au fil des années et de ses voyages. Ainsi, dans une lettre datée du 28.6.1836, alors qu’il séjournait à Coutances, dans la Manche, Victor Hugo note : » à l’extérieur le Mont-Saint-Michel apparaît de huit lieues en terre et quinze en mer, comme une chose sublime, une pyramide merveilleuse dont chaque assise est un rocher énorme façonné par l’océan ou un haut habitacle sculpté par le Moyen-Âge ; et ce bloc monstrueux a pour base, tantôt un désert de sable comme Chéops, tantôt la mer comme le Ténériffe. » Evidemment, tant l’Office du tourisme local que les restaurateurs aiment à rappeler cette comparaison avec les pyramides et quelques-unes des autres belles lignes que Victor Hugo a écrites sur le Mont. Cependant, Hugo n’a pas été qu’un grand admirateur du site. A l’époque où le Mont servait de prison, il écrivait aussi : » Si à l’extérieur, il apparaît comme une chose sublime, à l’intérieur le Mont-Saint-Michel est misérable. C’est un village immonde où l’on ne rencontre que des paysans sournois, des soldats ennuyés et un aumônier tel quel. Dans le château, tout est bruit de métiers, des ombres qui gardent des ombres qui travaillent pour gagner vingt-cinq-sous par semaine, des spectres en guenilles qui se meurent dans des pénombres blafardes. Sous les vieux arceaux des moines, l’admirable salle des chevaliers, devenue atelier, où l’on regarde par une lucarne s’agiter des hommes hideux et gris qui ont l’air d’araignées énormes. La nef romane, changée en réfectoire infect, le charmant cloître à ogives transformé en promenoir sordide. Voilà le Mont-Saint-Michel maintenant. » Evidemment c’est moins vendeur !. En 1836, il envoyait aussi la lettre suivante à Louise Bertin : » en ce moment je suis bloqué par la mer qui entoure le Mont. En hiver, les ouragans, les tempêtes et les nauvrages ce doit être horrible. Du reste, c’est admirable. Un lieu étrange que ce Mont-Saint-Michel. Autour de nous, partout, à perte de vue, l’espace infini, l’horizon bleu de la mer, l’horizon vert de la terre, les nuages, l’air, la liberté, les oiseaux envolés à toutes ailes, les vaisseaux à toutes voiles ; et puis, tout à coup, là, dans une crête de vieux murs, au-dessus de nos têtes, à travers les fenêtres grillées, la pâle figure d’un prisonnier. Jamais je n’ai senti plus vivement qu’ici les cruelles anti-thèses que l’homme fait quelques fois avec la nature. » Pourtant, preuve que ses sentiments pour le lieu étaient ambivalents, comme peuvent l’être les grandes passions, il se rattrapera plus tard, en 1874, dans l’évocation du Mont dans son roman Quatre-vingt-treize : » derrière lui se dressait, énorme triangle noir, avec sa tiare de cathédrale et sa cuirasse de forteresse, avec ses deux grosses tours du levant, l’une ronde, l’autre carrée, qui aident la montagne à porter le poids de l’église et du village, le Mont-Saint-Michel qui est à l’océan ce que Chéops est au désert. »
Hugo n’est pas le seul à avoir écrit sur le Mont. En 1835, l’architecte Viollet Le Duc en parle ainsi dans une lettre adressée à son père : » Rien n’est plus beau, rien n’est plus sauvage, rien n’est plus grandiose, rien n’est plus triste. Il faut voir ses tours de granit frappées par la mer, il faut entendre le vent pour se faire une idée de l’effet lugubre de cette masse de bâtiments, de son imposante majesté. On ne peut détacher les yeux de ce colosse, il vous fascine, vous poursuit la nuit et ouvre sans cesse devant vos yeux ses longues galeries noires qui semblent les entrées en enfer. » Le Mont Saint Michel.....Une immersion dans une Histoire millénaire, rythmée par le flux incessant des plus grandes marées d'Europe...
Reconnu mondialement, le site est classé au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1979.
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